Des différences sociales, économiques et dans le mode de vie
Une société plus flexible et plus libérale…
Bien que l’Angleterre reste un pays moins libéral que les États-Unis, il reste un pays plus libéral que la totalité des pays latins.
Concernant les lois du travail, celles-ci divergent plus ou moins fortement.
Les lois du travail en Angleterre
Alors que les 35 heures de travail par semaine sont encore en vigueur dans de nombreuses entreprises en France, le nombre maximal d’heures par semaine est de 48 heures en Angleterre. Cela dit, peu d’entreprises imposent ce nombre d’heures maximales et contrairement aux idées reçues, de nombreuses entreprises pratiquent aussi les 35 heures. Le principe des RTT (cumuler des jours de congés obtenus après avoir travaillé plus de 35 heures par semaine), par contre, n’existe pas.
Concernant le nombre minimal de semaines de congés payés par an, il est de 4 semaines en Angleterre contre 5 semaines en France. Mais certaines entreprises anglaises proposent 5 semaines. Alors que le mois de mai et d’août en France constituent une vraie pause générale où l’économie est ralentie par la grande proportion de personnes à partir en congés, il n’existe pas de telles pauses en Angleterre, à part peut-être à Noël où beaucoup d’entreprises ferment une semaine ou deux.
L’Angleterre compte 8 fériés contre 11 en France. L’originalité du système anglais est qu’à l’exception de Noël, du Nouvel An et du Boxing Day, les jours fériés ne sont pas figés sur une date comme ailleurs en France ou en Europe. Le jour férié ne tombe jamais un samedi ou un dimanche. La fête du Printemps a toujours lieu le dernier lundi du mois de mai et la fête de l’été a lieu le dernier lundi du mois d’août. Le 1er mai ainsi que les dates des armistices des Première et Seconde Guerre Mondiales ne sont pas des jours fériés.
Concernant les horaires de travail officieux, on peut faire autant d’heures supplémentaires en Angleterre qu’en France (cela dépend aussi des secteurs) mais je dirais que le présentéisme y est peut-être moins fort.
… Mais à nuancer
À propos de la protection du travail, il est plus facile de licencier en Angleterre (et du coup d’embaucher). Il existe aussi des contrats à « zéro heures » qui permettent aux entreprises de vous embaucher sans s’engager sur un nombre minimal d’heures. Cependant, il est faux de croire que l’on peut licencier en Angleterre comme on licencie aux États-Unis. Alors que dans le pays de l’once Sam, il n’y a pas d’indemnités de licenciement si l’on ne passe pas par la voie juridique, l’Angleterre en dispose, bien que celles-ci soient moins importantes qu’en France. Il ne faut pas oublier non plus qu’il y a plus de CDD et de contrats précaires en France qu’en Angleterre.
Le pays a une politique plus sociale que l’on ne peut le croire également. Les aides aux logements (house benefits) s’obtiennent dès l’arrivée sur le sol anglais dès lors que l’on justifie de revenus inexistants ou faibles. Cependant, le versement de l’income revenue, l’équivalent du RSA, est soumis à de nombreuses conditions. Les indemnités chômage sont également très faibles (50 € par semaine maximum) et le montant des retraites peu généreux si l’on n’a pas de retraite complémentaire.
Une société plus méritocrate et ouverte
En Angleterre, comme dans les autres pays anglo-saxons, le diplôme est moins important qu’en France et que dans les autres pays latins. Paradoxalement, alors que le diplôme y est moins important, les études à l’université sont pourtant beaucoup plus chères et la plupart des Anglais que j’ai rencontrés, avait contracté un crédit pour financer leurs études.
Là-bas, pourtant, on donne plus facilement sa chance à quelqu’un qui n’a pas forcément les études ou l’expérience correspondant au poste. Attention, cela ne veut pas dire que l’on nous donne systématiquement notre chance mais disons que cela arrive un peu plus souvent. Lorsque je travaillais là-bas, j’ai le souvenir d’une employée travaillant chez l’un de nos prestataires et qui était fraîchement arrivée du milieu de la finance. Son rôle était d’être notre support pour toutes nos questions portant sur leur outil de marketing digital, secteur qui lui était complètement étranger. Pendant les premiers mois, elle ne nous a franchement pas été d’une grande aide. Mais elle a fini par apprendre comme tout le monde et a su nous aider ensuite. Preuve que les compétences sont transférables et que malheureusement, les employeurs ont souvent tendance à l’oublier. J’aime le fait qu’en Angleterre, plus de portes soient ouvertes aux gens qui montrent leur motivation et leur capacité d’adaptation.
Je ne sais pas si cela est lié à la mentalité du pays mais dans l’agence pour laquelle j’ai travaillé en Angleterre, j’ai obtenu plusieurs augmentations et promotions (4 ou 5 en l’espace de 5 ans) sans même avoir à les demander. Évidemment, j’imagine que cela dépend beaucoup des entreprises et du contexte, mais dans mon cas, j’ai toujours trouvé que ma hiérarchie me faisait confiance. Elle m’a donné carte blanche sur plusieurs sujets. J’ai souvent travaillé d’arrache-pied, mais mes employeurs ont toujours eu l’intelligence de me donner en conséquence la confiance et les responsabilités qui allaient de paire avec mes efforts. En étant très ouverte, Londres m’a offerte beaucoup d’opportunités et apporté beaucoup de confiance.
Bien que la société anglaise reste une société très élitiste, je pense qu’elle est tout de même un peu plus méritocrate que la société française. Cela dit, je pense que le chômage moins important en Angleterre, explique également cette tendance. Une meilleure économie a permis aux employeurs de donner plus facilement leurs chances à leurs candidats et à leurs employés qu’en France.
Mais (encore mais) si l’on va encore plus loin dans la réflexion, on peut se dire également que cette situation économique plus clémente est peut-être justement le résultat d’une attitude plus ouverte et flexible. Les Anglo-saxons ont tendance à prendre plus de risques dans leur choix et d’initiatives que les Latins. Parce qu’ils craignent moins l’échec, peut-être aussi parce que le jugement y est moins présent et pesant, ils essaient plus de choses. Le Royaume-Uni n’est-il pas le berceau de la Révolution Industrielle et de bien d’autres courants qui ont été décisifs dans l’histoire ? Pour de nombreux entrepreneurs et enthousiastes anglo-saxons, FAIL (qui veut dire échouer) n’est pas autre chose que le sigle de First Attempt In Learning (qui signifie « Premier essai dans l’apprentissage »).
Des différences dans le mode de vie
L'art de vivre anglais
Des maisons en Angleterre plus désuètes
Le paysage urbain anglais est très marqué par l’ère victorienne, de la fin du XIXème siècle. Je ne sais pas me décider sur quelles maisons je préfère entre les bâtisses victoriennes et les immeubles haussmanniens, mais une chose est sûre : les magnifiques ferronneries entourant souvent l’entrée des maisons, les somptueux vitraux souvent présents sur les portes d’entrée ainsi que les majestueuses bay windows m’ont tout à fait conquise lors de mon séjour là-bas.
Concernant l’intérieur des maisons, je l’ai souvent trouvé plus « désuet » qu’en France. Les installations sont souvent plus anciennes et parfois, vétustes. Dans les salles de bain, on trouve rarement des mitigeurs, voire encore des robinets séparés pour l’eau chaude et l’eau froide.
Il est très courant en Angleterre que les maisons soient dénuées de volets. Les rideaux font le job mais partiellement. J’aime dormir dans le noir complet (pitch black, comme on dit en anglais) mais finalement, pendant mon temps à Londres, cela ne m’a pas dérangé plus que ça. Me réveiller le matin plus en douceur avec la lumière naturelle croissante du jour, se faufilant à travers les rideaux, n’est pas si mal non plus.
Beaucoup de Français l’ont peut-être remarqué, mais la chasse d’eau en Angleterre est moins puissante qu’en France. Elle est alors sans doute plus écologique mais il faut parfois s’y prendre à deux fois pour évacuer la cuvette…
A côté de ça, j’ai l’impression que les Anglais se plaisent à cultiver ce côté désuet. Tous les Anglais que j’ai visités, ont des services à thé décorés à l’ancienne, des rideaux à fleurs, des couettes patchwork ou d’autres objets calqués sur d’autres modèles de la fin du XIXème siècle, comme si les Anglais souhaitaient rester dans l’univers de leur belle et prospère époque victorienne. C’est un style qui me plaît aussi car il est très cozy. Je rêve de posséder un jour un cottage anglais !
J’ai trouvé aussi que l’Angleterre proposait un très beau choix de produits de maison. Pendant mon séjour à Londres, je vouais un culte aux mugs de Waitrose, aux housses de couette vendues à John Lewis et j’adorais les articles de déco proposés par M&S. Il y a une vraie recherche du « beau » et de l’originalité, je dirais.
Concernant l’urbanisme des villes, les villes anglaises sont organisées comme les autres villes européennes. Elles sont généralement composées de centres-villes marchands. Les « high streets » désignent de grandes rues commerçantes. Mais alors que les places constituent les grands lieux des rendez-vous des habitants en Europe latine, les « squares » restent plus rares en Angleterre.
Londres et l’Angleterre sont si pittoresques, avec leurs maisons victoriennes, leurs charmants taxis noirs, leurs hauts bus rouges, que j’ai souvent eu l’impression d’évoluer dans un livre, un doux et merveilleux livre dont j’étais l’un des personnages. Après tout, comme le nom même du pays le souligne, le Royaume-Uni est un royaume, comme dans n’importe quel conte de fées !
La cuisine anglaise
Je ne sais pas trop comment définir la cuisine anglaise. Elle a très mauvaise réputation à l’étranger, surtout en France. Pourtant, contrairement encore aux idées reçues, l’Angleterre dispose de très bonnes recettes de cuisine reprises dans le monde entier, comme le crumble, les scones ou la cottage pie. Qui d’ailleurs ne craque pas sur les plats Marks & Spencer ? J’ai trouvé que l’on mangeait très bien à Londres dans les milliers de restaurants qui la remplissent. Je trouve que Paris s’est amélioré depuis mais pour moi, il était même plus facile de tomber sur un bon restaurant moyen à Londres qu’à Paris à une période.
Cependant, il est vrai que rien ne remplace les produits frais français. Je n’ai jamais trouvé une salade qui avait du goût en Angleterre. Je ne sais pas si c’est le climat et la congélation des légumes importés mais les produits ont bien meilleur goût en France et on se les procure plus facilement aussi. Les marchés sont monnaie courante en France alors qu’en Angleterre, bien qu’il en existe des millénaires, comme le borough market à Londres (qui date de 1014 !), j’ai trouvé qu’il y avait peu de vrais « maraîchers » comme en France. Ceux que j’ai rencontrés en Angleterre étaient des hipsters nouvellement convertis au « manger bio ».
Les commerces en Angleterre
Alors qu’en France, il existe encore beaucoup de petits commerces de particuliers, les commerces en Angleterre appartiennent majoritairement à des chaînes et sont beaucoup plus impersonnels. Je crois que c’est ce qui m’a le plus manqué de la France : cet art de vivre, cet amour du beau. À mon retour, j’étais émerveillée par les riches et colorés étals des marchés, les œuvres d’art visuelles et olfactives des pâtisseries… J’adore l’idée que l’on connaisse son boulanger personnellement parce qu’on le visite tous les jours et que c’est toujours lui qui est au comptoir. Cette vie de village en plein cœur des métropoles françaises est un vrai plus et un créateur de lien social qui n’a pas d’égal en Angleterre. Seul le pub peut peut-être rivaliser.
Les vacances en Angleterre
Les vacances et les longs breaks sont un véritable rituel en France. Les mois d’août et les longs week-ends sont l’occasion de se détendre et de découvrir les paysages multiples qu’offrent la France et le monde. Les aires d’autoroute, les pistes de ski ou les plages bondées parlent à tout le monde en France.
Au Royaume-Uni, les vacances plus réparties tout au long de l’année, ne possèdent pas ce statut particulier, qui existe en France et que, personnellement, j’adore. Ce rituel où nous décidons tous à peu près en même temps de prendre une pause, comme lors des vacances scolaires de notre enfance, faisant ressurgir tous nos doux souvenirs et nos sensations d’enfant, est selon moi absolument magique.
Conclusions
Voilà à peu près selon moi, les grandes caractéristiques du peuple britannique, qui le distinguent de son voisin français. Alors que les Anglais ont selon moi un meilleur savoir-vivre, je dirais que les Français ont un meilleur art de vivre. Je pense qu’il n’y a pas de bon ou mauvais pays mais des pays dont la mentalité va plus ou moins avec notre personnalité. J’ai adoré personnellement ma vie en Angleterre et elle me manque souvent. Je crois que ma personnalité colle mieux à la mentalité anglaise, à la fois ouverte et réservée, mais la France est un pays magnifique, passionnant et complexe (dont l’histoire et la géographie sont plus complexes que celles de l’Angleterre à mon avis) qui fait pencher pour beaucoup d’admirateurs, leur cœur du côté français.
Comme le savent les émigrés et autres expatriés, vivre à l’étranger est une chose très « dangereuse ». Dès lors où l’on vit dans un autre pays, on ne peut ensuite s’empêcher de comparer les pays entre eux et la frustration est, je pense, inévitable. On ne pourra jamais trouver toutes les qualités des pays où l’on a vécu dans un seul et même pays. L’idéal est sans doute de vivre dans le pays dans lequel on y trouve les qualités qui nous sont les plus importantes. Mais avoir le luxe de choisir lorsque l’on peut, nous entraîne forcément dans de nombreux dilemmes.
Pour en savoir plus sur les différences entre la France et l’Angleterre, découvrez le dossier d’articles que j’ai préparé à ce sujet ou cliquez sur les liens ci-dessous.