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Des différences historiques, institutionnelles et de méthodes

Entre histoire et modernité : la place de l’histoire (victorienne) et de la monarchie en Angleterre

Selon moi, les Anglais vivent entre histoire et modernité. Comme expliqué dans mon article précédent, ils sont les premiers à produire ou capter les nouvelles tendances, souvent venues des États-Unis, mais les premiers à garder également leurs traditions ancestrales. Ils sont à la fois tournés vers le passé et le futur.

Le système de la Monarchie et des privilèges de la noblesse britannique, qui parfois remontent jusqu’au système féodal, se ressentent dans le quotidien des Anglais, rendant l’héritage du passé, disons, très présent.

En Angleterre, on achète, on loue ou on « lease » une maison

Le freehold est l’équivalent de l’achat en France. Le freeholder est à la fois propriétaire du terrain et du bâti et ceux-ci lui appartiennent pour toujours. Alors que l’achat est le type d’acquisition majoritaire en France, il est minoritaire en Angleterre, à cause de l’existence du « leasehold ». En effet, en Angleterre, il y a une 3ème option, autre que celle d’acheter ou de louer une maison : on a la possibilité de « lease » une maison. Le « leasehold » consiste à « acheter » une maison pendant une période déterminée, qui n’est donc pas illimitée. Ce type d’acquisition remonte au Moyen-Âge et au système féodal ! Le terrain appartient ad vita eternam aux freeholders, qui sont souvent des propriétaires historiques, les descendants des Seigneurs d’antan, les fortunés d’aujourd’hui ou la monarchie britannique ! Ainsi, la moitié du Royaume-Uni est détenu par moins de 1% de la population et près de la totalité des appartements et des co-propriétés sont achetés en « leasehold ».

Maison anglaise

Le lease est une sorte de rente que l’on verse à ces propriétaires pour jouir d’un bâti pendant un certain nombre d’années mais le terrain, le foncier, reste une possession du propriétaire. Le bâti revient au propriétaire à la date d’expiration convenue. En plus de la somme versée pour obtenir un « leasehold », le « leaseholder » doit s’acquitter d’une charge annuelle auprès du freeholder, appelée « ground rent ». Une autre somme annuelle pour couvrir les coûts d’entretien et de gestion des parties communes ainsi qu’une partie des frais d’assurance doivent également être versées. Les leaseholders doivent également demander l’autorisation du freeholder pour tout changement conséquent qu’ils souhaitent effectuer sur la propriété. La période du lease peut aller d’une vingtaine à plusieurs centaines d’années mais les Anglais choisissent en moyenne une période minimale de 90 ou 120 ans, sans quoi ils auraient d’extrêmes difficultés à re-« vendre » leur lease une fois les années passées.

Des différences d’attitude et de méthode

Des Anglais plus pragmatiques

Concernant la façon dont les Anglais s’organisent, je ne sors pas des clichés. Je trouve les Anglais plus pragmatiques. Les démarches administratives sont plus simples. Il est facile d’ouvrir un compte en banque, même sans contrat de travail. Les impôts sur le revenu sont depuis longtemps prélevés à la source comme on le fait plus récemment en France.

Le calcul des vacances en Angleterre se fait de janvier à décembre et non de juin à mai comme en France, qui ne semble aimer ni la simplicité ni la logique… Les fiches de paie anglaises sont également beaucoup plus simples. Elles ne contiennent que quelques lignes, contrairement aux bulletins français qui en comptent une vingtaine. Mais sur cet aspect, on peut rétorquer que les Français disposent de plus d’infos et donc peut-être de plus de contrôle sur l’origine et la destination de l’argent qu’il gagnent.

Par rapport au système de santé, les pharmacies ne vous délivrent que le nombre de médicaments prescrits, ni un de plus ni un de moins, si bien que l’on vous remet des boîtes de comprimés ouvertes et incomplètes si vous n’avez pas besoin de tout le contenu de la boîte. Je trouve le principe judicieux. Quel Français n’a pas toute une pharmacie chez soi tant le nombre de comprimés reçus est souvent bien supérieur à ce dont il a besoin ?

Le code postal anglais est quant à lui, alphanumérique et est plus précis que notre code postal français. Le code postal anglais ne renvoie pas seulement à la ville. Il définit à lui seul la ville, la rue et son numéro. En clair, c’est une adresse entière à laquelle renvoie le code postal. Si bien que sur les applis GPS, il n’y a pas besoin de taper son adresse en entier, la saisie du code postal suffit.

Dans les magasins au Royaume-Uni, il est également possible de payer avec sa carte bleue une somme supérieure au montant de ces courses afin de récupérer le reste en espèces. On appelle cela le cash-back. Il est également possible de prendre le métro avec sa carte bleue en guise de pass. Ce genre d’innovations qui facilitent la vie sont souvent d’abord lancées au Royaume-Uni avant d’arriver en France.

La langue anglaise est elle-même plus pragmatique. L’Anglais a une grammaire très simple et l’on combine volontiers quelques mots ensemble pour créer un adjectif ou désigner une nouvelle situation. La langue anglaise est directe et au secours du pratique. Les langues latines sont quant à elles, souvent à la recherche du beau, même si (ou tant mieux si) celui-ci est complexe. Je trouve par exemple le Français plus subtil, plus stylistique que l’Anglais. Je trouve qu’en Anglais, on parle pour faire transmettre un message. En français, on parle pour échanger, paraître et amadouer.

Rue londonienne

En Angleterre, j’ai appris à écrire des emails courts, nets et précis. J’ai appris à retirer les détails que je trouvais « sympas » ou bons à savoir, pour ne retenir que l’essentiel, ce qui est vraiment nécessaire à mon interlocuteur. En faisant cet effort de concision, j’ai réalisé que je voyais moi-même plus clairement les tenants et les aboutissants du sujet que j’abordais. Je suis passée d’emails de plusieurs lignes à des emails d’une ligne ou deux.

Cependant, je crois franchement que la France s’est anglo-saxonnisée. A mon retour, j’ai été surprise de recevoir des emails plutôt courts. La culture des start-ups a imprégné la France. La mentalité anglo-saxonne exposée dans les réseaux sociaux s’est répandue chez nous. Que l’on le veuille ou non, le monde s’anglo-saxonnise !

Pour en savoir plus sur les différences entre la France et l’Angleterre, découvrez l‘article suivant et/ou consultez le dossier d’articles que j’ai préparé.

France vs angleterre