Visiter Yangon sur les traces de Pierre Loti
à voir
- La Pagode Shwedagon
- La Pagode Sulle
- Le Marché artisanal Bogyoke
- Le Jardin Mahabandoola
- Le village de Dalla
- Les Parcs de Yangon
- Chinatown
- Le train circulaire
Yangon
Après un séjour en Inde du nord et à Goa, je prends l’avion vers la Birmanie. J’atterris à Yangon (autrefois appelé Rangoon) un jour de mars en fin d’après-midi. Près de l’aéroport, je prends un bus pour rejoindre mon auberge. En chemin, je suis très surprise par les grandes avenues, la tenue parfaite des routes et l’entretien coquet des pelouses immenses et des ronds-points fleuris… On m’avait parlé d’un pays très pauvre et pour l’instant, rien ne ressemble à cela. En entrant dans la ville, le décor est autre. Le centre-ville est plus délabré mais mieux entretenu que les quartiers pauvres de Delhi.
Yangon a été la capitale de la Birmanie pendant presque 60 ans avant d’être transférée vers Naypyidaw, ville jugée plus sûre pour les dirigeants en place, et sur les conseils d’astrologues, selon d’autres sources. Yangon reste néanmoins le coeur économique du pays et la ville la plus peuplée avec ses cinq millions d’habitants. Pendant la domination britannique, Yangon était la capitale du deuxième pays le plus riche d’Asie du Sud-Est et l’Angleterre voulait en faire son centre économique.

Pendant ce temps de gloire, de grandes infrastructures et d’imposants bâtiments coloniaux ont été construits. Ces édifices, bien que décrépis, donnent aujourd’hui un superbe cachet à la ville… du moins si l’on prend la peine de lever les yeux des nombreux stands de nourriture, qui font de la ville, un marché géant. Il y a beaucoup de choses que j’apprécie à Yangon. Cette ville quadrillée par des avenues perpendiculaires, est animée, bruyante mais moins stressante, moins impersonnelle que des villes comme Bangkok.
À chaque rue, son marché, ses couleurs de fruits et légumes et ses sourires. Les hommes portent des longhi et les femmes mettent du thanakha. Après le Népal, la Birmanie est sans doute le pays le plus dépaysant que j’ai visité. Yangon l’est un peu moins dans la mesure où, avec ses grandes avenues et ses centres commerciaux à l’occidentale (assez récents) et ses coffee-shops branchés, elle est plus occidentalisée que la capitale népalaise. La ville, plus urbanisée, possède également 5 fois plus d’habitants que Katmandou. Cependant, contrairement aux Népalais, les Birmans, bien que sous appartenance britannique jusqu’en 1948, parlent très peu l’anglais.

Comment s'y déplacer
J’ai arpenté toute la ville de Yangon à pied. J’ai seulement pris un ferry pour me rendre au village de Dalla. Il existe aussi un train qui circule tout autour de la ville.
Voici ci-dessous une liste des endroits à visiter.
La Pagode Shwedagon
Avec une Brésilienne, Tania, rencontrée à l’auberge, je marche longuement du centre-ville jusqu’à la Pagode Shwedagon, sans doute la pagode la plus célèbre du Myanmar. En chemin, des enfants nous saluent. Lorsque nous arrivons, nous empruntons un escalator pour parvenir au temple situé à plus de 50 mètres de haut.
De l’or, des milliers de diamants (4351, selon le fascicule donné à l’entrée) et des milliers de pierres précieuses, décorent cette pagode destinée à abriter quatre reliques de Bouddha. La pointe du temple possède un diamant de soixante-seize carats, qui brille au soleil ! Il faut au moins quinze minutes pour faire le tour du temple. De nombreuses pagodes d’or plus petites encerclent le site. Ce centre du Bouddhisme en Birmanie a été construit entre le VIème et Xème siècle mais a connu plusieurs reconstructions, notamment après plusieurs tremblements de terre.
Dans le temple, l’ambiance est très belle. De nombreuses familles, petits et grands, des moines bouddhistes, viennent se recueillir et manger ensemble. Le soir, au moment de ma visite, l’atmosphère est très spéciale avec les nombreuses bougies allumées.


Des statues d’animaux, représentant les jours de la semaine, entourent la pagode. Selon la tradition, il faut se rendre à la statue correspondant à son jour de naissance et rendre hommage à l’image de Bouddha en lui versant de l’eau plusieurs fois. Il existe 8 statues au lieu de 7 car le jour du mercredi est divisé en deux, avec une statue pour le mercredi jusqu’à 18 heures et une autre pour le mercredi après 18 heures (j’ignore pourquoi). Les avis sont divisés concernant le nombre de fois où il faut verser de l’eau à Bouddha. En demandant aux locaux, j’ai obtenu des réponses diverses et variées. Certains m’ont répondu six fois alors que d’autres m’ont répondu qu’il fallait verser de l’eau une fois de plus que l’on avait d’années ! Il faut ensuite, à l’aide d’un bâton, frapper six fois sur la cloche la plus proche. C’est ce que l’on a fait avec Tania !
En octobre, le soir de pleine lune suivant la fin des moussons, un grand festival appelé le Festival des lumières de Thadingyut y est célébré et la pagode aurait alors une ambiance encore plus exceptionnelle. Si vous pouvez, rendez-vous y donc à ce moment-là !
La Pagode Sulle
Plus ancienne mais moins spectaculaire que Shwedagon, au centre de la ville, se trouve la Pagode Sulle. C’est la deuxième plus importante pagode de la ville.
Comme la Pagode Shwedagon, elle possède une relique de Bouddha et il faut aussi la visiter en allant dans le sens des aiguilles d’une montre. Des statues pour chaque jour de la semaine sont également présentes. La pagode a aussi une importance historique, autre que religieuse. Le site a été le théâtre de plusieurs révoltes populaires.
Le Jardin Mahabandoola
Près de la Pagode Sulle et non loin du port qui a participé à l’essor de la ville, on trouve le Jardin Mahabandoola, où viennent flâner beaucoup de familles yangonites. Le jardin est aussi un lieu historique. Des rassemblements pour l’Indépendance vis-à-vis du colonisateur anglais y ont eu lieu et un monument en forme de tour s’y trouve aujourd’hui pour commémorer la victoire. Depuis le jardin, on peut aussi admirer le siège de la Cour régionale, un joli bâtiment en brique de style occidental surmonté d’un dôme. Pendant la visite, un jeune disciple bouddhiste me demande une photo avec lui.

Le Canton de Dalla
Si vous voulez sortir de l’agitation de Yangon, vous n’avez qu’à faire un saut à Dalla, un canton de plusieurs villages qui se trouve de l’autre côté du fleuve Yangon (du même nom que la ville), à 15 minutes environ en ferry du petit port central de Yangon. Ses habitants, très pauvres, ont été victimes du cyclone dévastateur et meurtrier de Nargis en 2008.
Bien que le village soit en face du centre-ville de Yangon, il est très isolé. N’étant accessible qu’en bateau, le canton est très peu développé. C’est un Myanmar très différent de celui de Yangon. Je dirais même qu’il s’agit complètement d’un autre monde, alors que seulement 15 minutes en bateau les séparent. Dalla est beaucoup plus pauvre que Yangon mais aussi plus nature, plus paisible et plus indolent. En y allant, on peut observer la vie des pêcheurs, leurs maisons au bord du fleuve et leurs petites barques, les enfants qui pêchent dans des eaux boueuses… Mais l’on y croise surtout des sourires, des sourires partout. De la part des enfants, des adultes, des personnes âgées… J’ai beaucoup aimé cette visite. En plus des gens, le site naturel est très beau.
Aujourd’hui, un pont, reliant Dalla au centre de Yangon, est en passe d’être construit. Ce pont va sans doute complètement bouleverser la vie à Dalla qui, j’imagine, deviendra vite une extension de Yangon. Allez-y vite avant qu’il ne soit trop tard !

Pour vous déplacer dans Dalla, il est préférable d’être motorisé car le site est vaste.
Un conseil : faites attention aux faux guides qui, avant d’embarquer à Yangon, vous proposeront leur service sans vous préciser qu’une fois sur place, il vous faudra aussi louer les services d’un chauffeur de tuktuk ou de scooter pour explorer la ville. Certains guides proposent également aux touristes la visite d’orphelinat afin de leur demander ensuite une participation. Pour éviter les mauvaises surprises, convenez d’un prix et des conditions avant d’accepter quoi que ce soit.
Les Marchés de Yangon et le Marché de Bogyoke

Comme je le disais plus tôt, Yangon se caractérise par ses nombreux marchés de rue. Ils sont partout et vendent de tout. Ils sont le pouls de la ville, ceux qui participent à l’atmosphère unique de Yangon selon moi. Les stands sont souvent des stands de nourriture : fruits, légumes, gâteaux, plats à emporter… mais vous pouvez aussi y trouver de nombreux objets comme des câbles pour votre smartphone.
Tania et moi visitons le marché le plus célèbre de la ville, le Marché artisanal couvert de Bogyoke, qui se trouve au coeur d’autres marchés de rue et qui s’étend sur plusieurs étages et rues. J’adore les tableaux exposés et si j’avais de la place dans mon sac à dos, j’en aurais acheté un ! Il y a aussi des pierres de jade, originaires du pays, mais qu’il est déconseillé d’acheter, à cause des mauvaises conditions de travail dans lesquelles seraient ceux qui les extraient (bien qu’après réflexion, nous achetons des smartphones et l’extraction du lithium pour les fabriquer est sans doute faite dans des circonstances toute aussi difficiles…).
Si l’on traverse le pont aérien depuis le marché, il y a un très grand centre commercial flambant neuf qui plaira sans doute aux Occidentaux nostalgiques de leurs pays.
Chinatown
Comme beaucoup de villes d’Asie (et d’Occident), Yangon possède son Chinatown. Tania et moi y dînons un soir. L’ambiance est très sympa. Le poisson est en vitrine dehors et l’on peut choisir celui que l’on veut griller. Le quartier est très animé. Il y a de grandes tablées dehors. On s’y sent un peu en vacances comme si l’on était en bord de mer.
Le train circulaire
Il existe un train qui circule autour de la ville. Prendre ce train est l’occasion d’obtenir un bon aperçu de la ville, et de se mélanger avec les locaux. Je n’ai malheureusement pas pris ce train donc je ne pourrais vous donner mon avis mais plusieurs voyageurs m’ont dit qu’il en valait la peine.
Les Parcs
Lors de mon départ, en route vers la gare, je passe devant des pagodes, une université et de très beaux parcs comme le Parc du Peuple, qui se trouve à l’ouest de la Pagode Shwedagon. La précision du tracé des pelouses combinée aux jolis lacs et aux nombreuses plantes et fleurs exotiques de la nature luxuriante du Myanmar, font de ces parcs un enchantement. Ces espaces verts sont très sympas dans une ville et je pense qu’une visite vaut le détour.

Je quitte Yangon plus tôt que prévu et ne me rend plus au sud du pays comme je le souhaitais. Je veux assister au spectacle des montgolfières à Bagan, plus au nord, qui s’arrête le 31 mars, soit le matin où j’ai prévu d’arriver. Je n’aurais passé « malgré moi » que 2 jours à Yangon.
J’ai beaucoup aimé Yangon. J’adore cette ville et ce pays. Les gens rient beaucoup. Ils ne sont pas blasés. Ils ont peut-être l’enthousiasme propre aux gens des pays qui prospèrent enfin. Ils se réjouissent de nous voir et veulent des photos avec nous. Mais ils ne perdent pas, pour autant et pour l’instant, leurs traditions belles et fortes. Au détour d’une rue, on peut apercevoir des enfants se recueillir devant une statue de Bouddha. Il y a ces marchés colorés où les gens achètent et mangent. Il y a aussi cette architecture marquée par l’usure du temps, qui est magnifique ! Je suis tombée sous le charme de Yangon. Je comprends pourquoi la ville a fasciné des écrivains comme Kipling, Kessel et Orwell…